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Historique

En 1995, sous la direction de Mr le Préfet S.Mondo, l’Athénée J. Bara célébra avec faste son 400ème anniversaire : événement peu banal car, dans une Belgique issue de 1830, il peut sembler impensable qu’une école secondaire puisse avoir cet âge. Et pourtant …
A Tournai, comme ailleurs, seul le chanoine pouvait accorder l’autorisation d’ouvrir une école, mais dès le XVIe siècle, à Tournai comme partout, l’autorité municipale affirma ses droits en matière d’enseignement et cette prétention fit surgir des conflits. En 1586, l’Administration de Tournai revendiqua le droit d’avoir un Collège communal et d’en confier la direction aux pères Jésuites avec lesquels elle était en pourparlers depuis déjà deux ans. Ce projet, dont la réalisation dresserait une école rivale en face de l’établissement épiscopal (le Collège St-Paul), l’obstination de l’écolâtre et les difficultés financières faillirent le faire échouer. Finalement pourtant, les Consaux, l’Abbé de St-Martin, le Chapitre et deux généreux anonymes réunirent les ressources indispensables et en octobre 1595 naissait le « Collegium Tornacense ».

Les bâtiments de l’école, situés au bas de la rue des Allemands, restèrent propriété de la ville. La jouissance en était concédée gratuitement aux Pères Jésuites.
Le succès du nouveau collège fut tel que les locaux primitifs devinrent rapidement insuffisants et qu’on leur adjoignit le noviciat des Jésuites situé dans le haut de la même rue. Pour leurs novices, les religieux achetèrent l’ancien refuge de l’Abbaye du Saulchoir en la rue du Quesnoy. Ils y construisirent, de 1609 à 1644, sept bâtiments distincts dont les principaux se groupaient autour de deux cours intérieures avec galeries couvertes. L’ensemble fut flanqué d’une chapelle de style ogival flamboyant que cache une façade où prédomine le caractère « Renaissance ».
En 1775, une bulle du pape supprima l’ordre des Jésuites. Cette décision, Marie-Thérèse, notre souveraine d’alors, l’appliqua immédiatement : maîtres et élèves du collège furent licenciés, les biens de la compagnie confisqués et inventoriés.

Les deux écoles, mises en vente publique, devinrent la propriété des Religieux de St-Médard. La Révolution française les en expulsa et dans les locaux de la rue des Jésuites, Napoléon Ier autorisa l’établissement du Séminaire épiscopal. Le noviciat fut âprement disputé. D’une part, les Consaux réclamaient les bâtiments pour y établir un Collège communal avec internat, d’autre part le Chapitre cathédral désirait y transférer le Collège St-Paul. C’est ce dernier qui l’emporta; le gouvernement, jugeant qu’un seul établissement d’enseignement secondaire était suffisant pour la ville, donna au Chapitre, pour y transférer son école, les locaux de la rue du Quesnoy avec tout le mobilier meublant.
L’annexion du Tournaisis à la République française, en 1795, imposa au personnel du Collège le serment de haine à la royauté. Le régent et la plupart des maîtres préférèrent briser leur carrière et abandonner leur chaire, le Chapitre mutilé et désemparé se désintéressa de l’affaire.
Faisant appel aux deux professeurs qui étaient restés attachés à leur école, les abbés Bouly et Moch, l’administration rouvrit immédiatement l’établissement, prenant les dépenses à sa charge et lui conférant, l’année suivante, le titre de Collège National.

Tournai, n’ayant pas réussi à devenir chef-lieu de département, n’eut pas l’avantage d’être doté d’une Ecole Centrale et la municipalité garda pleine initiative dans l’organisation de son enseignement. Cette situation se maintint sous le Consulat et sous l’Empire, quand le Collège National fut reconnu comme Ecole secondaire communale de Tournai. La chute de l’Empire provoqua de nouveaux changements dans la dénomination de l’Institution; la ville lui donnant le nom de Collège Royal en 1815, le gouvernement lui accordant celui d’Athénée, en 1817. Ce titre était réservé aux meilleurs établissements d’enseignement secondaire du nouveau royaume des Pays-Bas; il y en eut sept dans les provinces belges. Enfin, au palmarès de 1819 apparaît le nom définitif d’Athénée Royal que notre école sera la seule à porter jusqu’en 1850.
La Révolution de 1830 provoqua une crise de l’instruction en Belgique. La réaction anti-orangiste anéantit l’oeuvre scolaire de Guillaume Ier. La liberté de l’enseignement fut complète, les « Bureaux d’administration » des collèges disparurent et leurs attributions passèrent aux autorités communales qui, en beaucoup d’endroits, laissèrent péricliter leurs écoles ou les confièrent à l’épiscopat.

A Tournai, au contraire, la « Régence », pour répondre aux désirs de la population et distinguer l’Athénée des Collèges ecclésiastiques, recommanda au corps enseignant de développer davantage l’étude des langues vivantes, du français en particulier, des sciences propres au commerce et à l’industrie.
De plus, elle créa une Faculté équivalant aux candidatures en philosophie et lettres et en sciences. Plus heureux que ses ancêtres des 16e et 18e siècles, cet embryon d’université vécut 14 ans.
Aux termes de la loi du 1er juin 1850, dix établissements d’Enseignement Moyen devenaient « Athénées Royaux ». Il y en avait un dans chaque chef-lieu de province plus celui de Tournai. Il ne s’agissait pas d’un simple changement de dénomination. La réforme était profonde : la direction des dix Athénées royaux devait appartenir au Gouvernement. Celui-ci nommait tout le personnel, à la tête duquel se trouvait un Préfet des Etudes laïc et établissait le programme officiel des cours.
Sous le régime antérieur à 1937, la ville de Tournai a toujours, dans la mesure de ses possibilités, manifesté sa sollicitude vis-à-vis de notre école. En 1881-1882, elle a entrepris des restaurations importantes, rappelées dans un cartouche, au fronton de la galerie couverte. En réponse à la générosité de la ville, le gouvernement enrichit, de façon sensible, les collections des auditoires de physique, chimie et sciences naturelles, la bibliothèque des professeurs, le matériel didactique de géographie et d’histoire.

Selon la loi de 1850, les études étaient, au-delà d’une 7e préparatoire, réparties en deux sections, humanités anciennes et section professionnelle, appelée plus tard humanités modernes. Celles-ci par la suite se subdivisèrent dans leurs trois classes supérieures, en section scientifique et en section industrielle et commerciale. Les humanités anciennes étaient scindées en section latin-grec et en section latin-mathématiques, dans les cinq classes supérieures, dans les quatre dernières seulement à partir de 1939.
Jusqu’en 1923, aucune modification profonde ne vint modifier la physionomie de l’enseignement moyen. Mais dès cette date souffle un vent de réforme. La transformation la plus spectaculaire fut celle de 1923; elle marque un net succès du féminisme. Les portes de l’Athénée s’ouvrirent aux jeunes filles.
Les années 1925 et suivantes accentuèrent l’importance des sciences naturelles et des langues germaniques. Elles établirent ainsi la concordance entre l’Ecole moyenne et les classes inférieures des Humanités modernes.

L’action éducative de l’enseignement fut renforcée en 1924 par un cours de morale indépendant de toute confession religieuse et destiné aux élèves dispensés, à la demande des parents, des leçons de religion. Pour ceux qui appartenaient à l’Eglise réformée, on fit, en 1929, appel à un pasteur protestant.
L’Athénée devint ainsi, de plus en plus, l’école de tous où, parce que les diverses convictions s’y côtoient et y jouissent des mêmes droits, les élèves, dès leurs douze ans, prennent sans y songer, l’habitude de la tolérance.

En 1914, le clocher de la Chapelle fut endommagé. La Chapelle et une partie de l’internat abritèrent divers secours de la commune. En 1917, comme toutes les écoles de la ville, la nôtre fut réquisitionnée par l’occupant. Les cours furent organisés dans les usines Colmant puis, après l’occupation de celles-ci, dans des maisons particulières.

Les bombardements de mai 1940 ne causèrent que des dégâts superficiels aux vieux bâtiments de la rue du Quesnoy. Les locaux scolaires, d’abord envahis par les réfugiés, furent ensuite occupés par les Allemands. Mais ceux-ci se retirèrent à la suite d’une démarche de deux professeurs : MM. Stéphany et Doms. Le 10 juin 1940, les cours reprirent sous la direction de M. Georges Lambert. M. Victor Stéphany assuma ensuite la lourde et périlleuse responsabilité de chef d’établissement jusqu’en 1945.



L’Athénée célébra avec faste en 1950 son centenaire comme école de l’Etat. En 1968, une section préparatoire ouvrait ses portes et disparut en 1985.
En septembre 1979, l’école changea d’appellation et devient Athénée Royal Jules Bara en souvenir d’un de ses illustres élèves (voir par ailleurs).
Quant à l’Internat, il devint Internat autonome Walter Ravez en 1989 et vit ses activités transférées dans un édifice magnifiquement restauré du quai Vifquin.



( extrait : « Athaeneum Tornacense » Pierre BACHY- 1990)